18 mars 2021

Interview P.Boulanger

« Dans un monde où la vitesse impose son rythme, la construction hors-site révolutionne le marché »

Philippe Boulanger confronte son regard de spécialiste de l’innovation et de la disruption à la construction hors-site. D’après lui, en apportant des solutions pertinentes aux défis contemporains, le procédé constructif mis au point par Cougnaud s’apprête à chambouler l’ensemble du secteur de la construction.

Au regard de l’évolution de la société, de ses besoins et de ses attentes, quelles seront d’après vous les tendances incontournables du secteur de la construction ?

Construire des bâtiments qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment : voilà pour moi la tendance lourde du secteur. Tout va se jouer autour de la question de la gestion de l’énergie. Sur le sujet, certains ont déjà bien avancé. Dans des pays européens, en Belgique par exemple, la construction de bâtiments à énergie positive est quasi systématique. Il me semble évident que dans les prochaines années, en France, les donneurs d’ordre vont de plus en plus faire appel aux entreprises qui proposent des solutions performantes en matière de gestion d’énergie. Or, dans ce domaine, Cougnaud a un coup d’avance et se démarque déjà.

 

Construire des bâtiments à énergie positive coûte cher. Ne pensez-vous pas que ce coût risque de ralentir la commande ?

Mais pas du tout ! Il faut se débarrasser de cette idée car la construction hors-site va permettre de réduire les coûts. N’oublions pas qu’un lien sensible existe entre l’écologie et l’économie. Il convient d’encourager les systèmes d’économie circulaire. Je suis convaincu que les bons choix écologiques ont un impact positif sur l’économie. Pour preuve, au sein des entreprises, les équipes en charge de la mise en place de la RSE finissent toujours par trouver des solutions qui vont être à la fois profitables pour l’entreprise et pour la planète. Selon moi, il ne s’agit que d’une question de volonté.

 

Vous semblez convaincu que la construction hors-site est une solution pertinente pour répondre aux enjeux de la gestion d’énergie…

J’en suis triplement convaincu. D’abord parce que l’industrialisation de la production a des conséquences positives sur le plan énergétique. Par exemple, la consommation d’eau ainsi que la production de déchets sont moindres dans le cadre de ce procédé constructif. En outre, une production industrialisée, quelle qu’elle soit, permet plus facilement de tester de nouvelles technologies et donc d’innover en matière de solutions respectueuses de l’environnement. Enfin, la construction hors-site permet la réalisation de bâtiments évolutifs. Sur le plan écologique, c’est un atout considérable !

« Une production industrialisée permet d’innover en matière de solutions respectueuses de l’environnement. »

C'est-à-dire ?

Avec la construction conventionnelle, on est un peu coincé dans les choix que l’on a fait par le passé. À titre personnel, j’aimerais améliorer les performances énergétiques de ma maison actuelle. Or, il me serait bien difficile de le faire sans envisager un investissement considérable. C’est une limite qui me frustre.

« Lorsque vous produisez en usine des unités dont les paramètres se répètent, vous améliorez forcément la qualité de votre production. »

demag

Outre ses performances en gestion d’énergie, quels sont les autres avantages de la construction hors-site ?

Ce mode de construction présente deux autres avantages considérables : la rapidité d’exécution – les délais de construction sont deux à trois fois plus rapides qu’en construction conventionnelle – ainsi que la qualité répétable.

 

Qu’entendez-vous par « qualité répétable » ?

Dans le secteur de la construction conventionnelle, les process, les équipes ou encore les matériaux changent en fonction des projets. Autrement dit, la qualité finale dépend de nombreux paramètres sur lesquels il est difficile d’établir un contrôle permanent. À l’inverse, lorsque vous produisez en usine des unités dont les paramètres se répètent, vous améliorez forcément la qualité de votre production. Cette amélioration qualitative est possible, parce que vous avez nécessairement développé un ensemble d’outils et d’aptitudes dans le but de cette optimisation. En conséquence, la construction hors-site permet un contrôle accru sur la qualité : vous êtes certain d’obtenir exactement ce que vous aviez imaginé au départ.

 

Pensez-vous que la construction hors-site soit une innovation disruptive pour le marché de la construction ?

« La vitesse du changement que vous voyez aujourd’hui est la vitesse de changement la plus lente que vous verrez pour le reste de votre vie ». J’aime me répéter cette phrase et j’invite les acteurs du marché à se l’approprier. La construction hors-site, grâce à la rapidité d’exécution qu’elle permet, entre totalement en adéquation avec le rythme de notre époque. En ceci, ce procédé constructif est une véritable disruption. Il va toucher de nombreux clients, pressés par le temps. À l’échelle individuelle, le particulier va être sensible au fait qu’il va pouvoir se faire construire une maison harmonieuse et évolutive, dans des temps records. Les chefs d’entreprise vont également être séduits par l’argument.

 

Justement ! Comment la construction hors-site peut-elle répondre aux besoins de l’entreprise de demain ?

La construction hors-site correspond tout à fait au besoin d’agilité qu’ont les entreprises. Et ce besoin va croissant ! L’entreprise évolue ? Il lui faut donc des bâtiments qui grandissent ou réduisent en même temps qu’elle. Le bâtiment, tel que Cougnaud le propose, permet de faire évoluer les espaces. Savoir s’adapter rapidement au changement : pour les entreprises, il s’agit d’un avantage compétitif décisif.

 

Aux échelles régionale et départementale, ces arguments valent-ils pour les collectivités territoriales ?

Je le pense. Dès l’instant où une décision est prise, les acteurs locaux ont besoin que le projet aille vite. Au vu des échéances électorales, cela va sans dire ! En outre, la construction hors-site permet à la collectivité de disposer de bâtiments évolutifs ou transférables. J’ajouterai également qu’à l’échelle de la ville, ce mode de construction est particulièrement pertinent en ceci qu’il permet de réduire les nuisances liées au chantier.

 

À l’étranger comme à New York, Londres ou Singapour, le recours à la construction hors-site est devenu quasi-systématique. La France essuie-t-elle un retard sur le sujet ?

Oui. Bien que la France montre souvent sa capacité à innover en étant, par exemple, un vrai terreau de startups, je note quelques résistances bien culturelles face au changement. La nouveauté semble faire peur ! Par rapport au secteur de la construction, je dirais que ces résistances sont liées à la forte appétence que les Français ont pour leurs bâtiments historiques.

 

Alors ? Comment faire pour aider les mentalités à évoluer ?

J’aurais tendance à croire que les mentalités vont évoluer d’elles-mêmes. Au sujet de l’innovation, le philosophe allemand Schopenhauer développe une théorie qui m’inspire beaucoup. En premier lieu, les innovateurs sont ridiculisés. En second lieu, ils sont décriés car considérés comme dangereux. Enfin, leurs innovations sont adoptées et s’imposent même aux yeux de tous comme une évidence. Selon moi, la construction hors-site traverse ces étapes. Elle a d’abord été moquée, assimilée aux baraques de chantier. Aujourd’hui, elle a encore quelques détracteurs mais on observe qu’elle est de plus en plus acceptée. Il me semble que demain, la construction hors-site sera une évidence.

« Demain, la construction hors-site sera une évidence »

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