14 avril 2021

La construction hors-site, un modèle respectueux de l’environnement et des riverains

Pour une collectivité, au budget et aux délais serrés, choisir la construction hors site est une garantie de résultat
Philippe MILLE
Directeur associé de l'Atelier d'Architecture
… 4 mois de construction, aucune nuisance pour le voisinage, quasiment zéro déchet, dans le respect des normes environnementales !
Christophe DIETRICH
Maître d'Ouvrage - Centre de Loisirs - Laigneville
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Centre de loisirs de Laigneville (60)

Le projet : construire rapidement un nouveau centre de loisirs, trois fois plus grand que le précédent devenu exigu et trop vétuste.

 

Je m’adresse tout d’abord au maître d’œuvre : quel était le projet ?

C. Dietrich
Le village venait d’accueillir 300 nouvelles familles, nous devions donc adapter nos équipements en conséquence. L’ancien centre de loisirs datait d’une cinquantaine d’années et posait des problèmes de sécurité. Nous devions passer ainsi de 200 à 600 m2 pour le nouveau centre. Tout en respectant budget, délais, environnement et voisinage !

 

Messieurs, la construction hors-site était-elle votre premier choix ?

C. Dietrich
Hé bien… non ! Nous étions partis sur une construction conventionnelle, dans laquelle on s’enferrait en termes de budget, de délais, de contraintes. Mon responsable des services techniques a eu la bonne idée de proposer la construction hors-site : j’étais perplexe, mais en me penchant sur le sujet, je me suis rendu compte que la qualité, la solidité et la rapidité de construction seraient au rendez-vous. Je ne pouvais pas attendre 24 mois que le nouveau centre de loisirs sorte de terre. Nous avons alors associé au projet le personnel, les élus, les services, les parents d’élèves et opté pour cette solution. Ce bâtiment est le fruit d’un consensus qui a permis de travailler sereinement tout au long du chantier, depuis sa genèse jusqu’à la pose du dernier module. Et maintenant je dirais que c’est devenu un choix… évident.

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P. Mille
L’architecte travaille pour un maître d’ouvrage qui passe la commande, dans le respect de coûts imposés. Dans le cas d’une collectivité, l’équation est parfois compliquée, et le hors-site permet d’y répondre avantageusement. Il faut aussi souligner que la qualité des bâtiments modulaires a beaucoup changé ! Elle n’a plus rien à voir avec ce qui se pratiquait dans les années 70. De nombreuses innovations ont propulsé ce type de construction : respect du budget, délais inégalables, prise en compte des contraintes particulières à chaque projet,… et avec les mêmes prestations originellement attachées au bâti classique. Il m’arrive régulièrement de travailler sur ce genre de chantier, cela fait maintenant partie des constructions de notre temps.

 

Pourquoi avoir choisi Cougnaud Construction ?

C. Dietrich
Nous sommes allés voir ce qui se faisait ailleurs dans le département, en Seine-Saint-Denis aussi, et notamment des établissements qui recevaient des enfants. Nous avons monté un appel d’offres classique et c’est Cougnaud qui l’a remporté. Le respect de l’enveloppe budgétaire ne concernait que 40% du marché, les 60% restants concernaient la capacité à pouvoir répondre aux besoins d’intégration dans le paysage, de modularité, à nos besoins et contraintes aussi mis en place, c’est ça qui a été déterminant dans notre choix.

“Ce bâtiment est le fruit d’un consensus qui a permis de travailler sereinement tout au long du chantier”

 

 

P. Mille
J’avais déjà travaillé auparavant avec Cougnaud Construction, et cela s’était toujours très bien passé.

La construction hors-site permet un gain certain en termes de rapidité, avec un développement quasiment à 90% du projet en agence, en concertation avec le conducteur, et assez peu de temps passé sur le chantier. C’est une manière différente de travailler, plus sereine, très complémentaire de ce que je peux faire par ailleurs.

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Comment s’est déroulé le chantier ? Casse-tête ou jeu d’enfant ?

C. Dietrich
Les deux !
Cela a d’abord été un casse-tête : il fallait trouver le bon type de construction, rentrer dans l’enveloppe financière, répondre aux besoins pratiques, être à la hauteur des attentes des familles. Nous ne voulions pas d’un projet au rabais, nous voulions un bâtiment durable. Une fois que nous avons décidé de partir sur une construction hors-site, c’est devenu un jeu d’enfant : on s’est mis autour d’une table, on a redéfini nos besoins en prenant en compte les spécificités du modulaire et ça a été tout de suite nettement plus facile ! Le constructeur arrivait déjà avec plusieurs propositions, qu’on a pu ajuster, régler, mettre en face de nos contraintes. Nous voulions un bâtiment pratique et non pas partir dans des délires d’architectes qui sont souvent des artistes…

 

P. Mille
Attention ! Je corrige et complète : nous sommes là pour assurer concrètement le suivi du chantier jusqu’à sa réception, pour aplanir tout problème éventuel, pour anticiper les problématiques structurelles et faire coïncider besoins et contraintes des deux parties. Pour toute question, j’étais l’intermédiaire technique entre le maître d’œuvre et le constructeur. Finalement, une fois le projet bien défini, bien décrit sur le papier, il y a eu assez peu d’interventions car tout avait été anticipé ensemble. Nous faisions une réunion tripartite par semaine environ pour que le chantier se déroule sereinement et sans surprises, dans un climat de confiance.

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C. Dietrich
C’est vrai, et le chantier a vraiment été impressionnant, avec la livraison des 22 modules et leur pose en deux jours et demi. D’une facilité déconcertante. Le chantier s’est aussi déroulé de manière exemplaire : il a duré 4 mois, sans aucune nuisance pour le voisinage, avec quasiment zéro déchet. Le bâtiment répond aujourd’hui à toutes les normes environnementales les plus strictes aujourd’hui en vigueur.

 

Côté environnement justement, vous vous étiez fixés des objectifs ? Vous avez vu la différence avec un chantier conventionnel ?

C. Dietrich
Oui et c’était capital pour nous : le nouveau centre allait prendre place sur une parcelle de 5000m2 arborée et boisée. Nous voulions préserver au maximum les arbres existants. En positionnant le bâtiment, nous avons réussi à ne couper qu’un seul arbre. C’était important aussi visuellement pour le voisinage. Sur la totalité du chantier, nous n’avons même pas eu une benne de déchets ! Alors qu’en conventionnel, en 18 mois, je pense qu’on en aurait eu quelques-unes…

En posant par ailleurs des plots béton, nous avons préservé le sol qui pouvait continuer à absorber naturellement les eaux de pluie, comme l’exige la règlementation. L’air peut aussi continuer de circuler en sous-sol sous le bâtiment, ce qui est très sain.

P. Mille
Nos métiers réfléchissent évidemment de plus en plus à la manière de construire plus responsable, tout en intégrant les contraintes de nos commanditaires.

“C'était un chantier exemplaire : il a duré 4 mois, sans aucune nuisance pour le voisinage, avec quasiment zéro déchet”

Le chantier s’est donc bien passé, vous êtes contents aussi des prestations intérieures proposées ?

C. Dietrich
Les matériaux utilisés nous ont en effet rassurés : grâce à la dalle béton par exemple, nous n’avons plus les problèmes de résonance et d’instabilité des toutes premières constructions modulaires. Il a aussi des cloisons anti-bruits, des puits de lumière dans le toit, des baies vitrées partout, pour un sentiment d’ouverture sur l’extérieur. En termes d’écoresponsabilité, nous souhaitions des consommations électriques minimales (LED notamment), un système de chauffage efficace et le plus économique possible (pompe à chaleur). Ce n’est pas forcément le bâti conventionnel qui permet d’avoir la meilleure garantie de finitions. Aujourd’hui, lorsque l’on rentre dans le nouveau centre de loisirs, nous ressentons une ambiance plus légère que dans l’ancien centre, un confort de travail qui favorise naturellement un état d’esprit nouveau de la part du personnel. Les animateurs et la directrice du centre sont ravis, ils ont les moyens matériels, structurels, financiers d’évoluer et ont maintenant à cœur de faire des choses qu’ils ne pouvaient pas faire avant.

 

P. Mille
Nous avons pu en effet personnaliser complètement les volumes, pour faciliter la vie dans ce centre de loisirs, aussi bien aux petits enfants qu’aux adultes ! Pour un bâtiment de ce type, destiné à des enfants en bas âge à partir de la maternelle, nous avons mis l’accent architecturalement sur des espaces confortables, chaleureux, colorés, pratiques d’accès et agencés d’une manière intuitive pour l’organisation quotidienne des équipes d’animateurs.

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Et sur l’aspect esthétique du bâtiment ?

C. Dietrich
Nous avions un petit doute car nous sommes dans un quartier pavillonnaire : il fallait trouver la bonne liaison entre l’école d’un côté et les résidences privées de l’autre, le centre de loisirs se situant entre les deux zones. L’aspect esthétique était primordial, nous ne voulions pas d’un bâtiment « écrasant » ou qui jure par rapport au quartier. Le bâtiment est architecturalement rectiligne, mais grâce au choix de couleurs et de matériaux, grâce à l’environnement préservé, le centre s’est fondu naturellement dans son milieu. Lorsqu’on le découvre, on aurait même du mal à imaginer qu’il fait véritablement 600m2…

P. Mille
Oui bien sûr ! Dans la conception, notre travail d’architecte consiste à s’arroger les modules pour créer un bâtiment répondant aux besoins de son commanditaire, en termes d’agencement, de volumes, d’ambiance, d’esthétique. Briques, bardage bois, portes-fenêtres ouvertes sur l’extérieur, couleurs,.. Beaucoup de choses sont possibles ! Comme pour toute autre construction, nous avons les mêmes matériaux extérieurs et intérieurs. Il nous revient d’habiller ces matériaux pour harmoniser la construction avec sa destination future et son environnement proche.

 

L’enveloppe budgétaire a-t-elle été respectée ?

C. Dietrich
Oui : j’étais particulièrement sensible sur le sujet, étant garant de l’argent public. Si une entreprise accepte un marché, elle doit tout faire pour le tenir, en tant que spécialiste. Bien sûr il y a parfois des imprévus, mais ils ne doivent pas mettre en péril le budget financier du projet. Il y a donc des études de sol qui sont faites au préalable, qui coûtent un peu d’argent, pour étudier la nature du terrain. Ces études nous ont permis d’économiser de l’argent sur d’éventuelles plus-values plus tardives. Entre les plus-values et les moins-values (sur les extérieurs du bâtiment), on a réussi à respecter le budget, et même je crois à gagner 10 000 euros sur l’enveloppe totale !

P. Mille
Je me répète, c’est un des avantages de la construction hors-site : l’ensemble de la construction est tellement anticipé, réfléchi, mesuré, organisé en ateliers que le budget est respecté au cordeau !

“Briques, bardage bois, portes-fenêtres ouvertes sur l’extérieur, couleurs,.. Beaucoup de choses sont possibles !”

Vous êtes satisfaits ?

C. Dietrich
Oui ! Nous avons eu des relations excellentes avec le constructeur et ses équipes et nous sommes ravis du chantier et du résultat. J’encourage les maires à dépasser leurs a-priori et à venir voir notre centre de loisirs. Sincèrement, c’est un des rares chantiers où je n’ai que des bons souvenirs !

P. Mille
Si le maître d’ouvrage est satisfait, je le suis aussi !

 

 

REPÈRES
Type de projet : ALSH et cantine scolaire
Nom : Centre de loisirs St Exupéry
Superficie : 600 m².
Ville : Laigneville (60).
Architecte : Philippe Mille, de L’Atelier d’Architecture de Creil

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